Les pleurs du nourrisson : quelle signification et comment y répondre ?

Tous les enfants pleurent et c’est parfaitement normal. C’est le message principal qu’il convient de retenir de cette série de vidéos réalisée sous l’égide de la Société Française de Pédiatrie, avec le soutien de Pampers. Interrogées par des parents, la psychomotricienne Emmanuelle Renaud-Thomas et les pédiatres Sophie Denizot et Christèle Gras-Le Guen décryptent les pleurs des bébés. Ces expertes donnent de précieux conseils pour vous aider à comprendre les pleurs de votre enfant et apprendre à y répondre de manière adéquate.  

Que faire si votre enfant pleure pendant le change ? 

Un bébé qui gesticule pendant le change, c’est une bonne nouvelle. Il se sent libéré des contraintes vestimentaires et a une plus grande liberté de mouvement. Si votre bébé pleure quand vous le changez, ce n’est pas grave. Les premiers mois, il n’a pas conscience que son corps est unifié et est encore en fusion avec vous. Quand vous le déshabillez, il se sent moins contenu par les vêtements et il ressent le changement de température. Pour le rassurer (et vous rassurer), touchez votre bébé et parlez-lui d’un ton apaisant en décrivant ce que vous faites.  

Le change du bébé : un moment d’échange pour apprendre à connaître son bébé

Le change peut être un moment très inconfortable pour votre bébé. Il importe de lui parler et de l’envelopper dans un bain de langage. Installez-le en sécurité sur la table à langer en gardant toujours une main sur lui et expliquez-lui tous vos gestes, en maintenant un contact visuel. Le change est un moment d’échange et de partage. Pour favoriser les postures d’enroulement apaisantes pour votre bébé, vous pouvez privilégier les postures latérales en l’enroulant par le bassin quand vous le déshabillez et changez sa couche. Pour le reprendre dans vos bras, évitez la posture peu sécurisante du tirer-assis. Privilégiez plutôt l’enroulement en prenant votre bébé en le soutenant d’une main sous le bassin. 

Pourquoi les bébés pleurent-ils ?

Dans un premier temps, votre bébé pleure pour rassurer ceux qui assistent à sa naissance. Il entame ensuite une période d’adaptation entre la vie intra-utérine et extra-utérine. Les pleurs deviennent alors un moyen de communication pour exprimer ses besoins physiques, organiques et psychiques. Un bébé en bonne santé est un bébé qui pleure, le contraire serait inquiétant. Ces pleurs permettent à votre bébé et à vous, parents, de vous ajuster et de vous connaître. Vous vous adaptez progressivement à votre enfant et cette alternance entre pleurs et réponses permet de tisser vos liens d’attachement.  

Les jeunes parents sont souvent désemparés quand leur bébé continue de pleurer alors qu’il a mangé, qu’il a dormi, qu’il est changé et qu’il est dans les bras. Si votre bébé pleure, c’est qu’il a une attente que vous ne parvenez pas forcément à décrypter. Parlez-lui, nommez les émotions, dites-lui que vous êtes là et revoyez éventuellement la manière dont vous le portez. Il n’y a généralement pas matière à inquiétude. 

Tous les bébés pleurent

Dès la naissance, un bébé a cinq comportements d’attachement à son parent : téter, attraper, sourire, suivre des yeux et pleurer. Pleurer, c’est universel, il existe même des courbes pour illustrer la façon dont un bébé pleure. Tous les bébés ont un pic de pleurs entre 15 jours et 3 mois. C’est normal, c’est son appel pour savoir qui s’occupera de lui à ce moment-là. Les pleurs se stabilisent d’eux-mêmes à partir de 3 mois, en fonction de la réponse donnée par le parent. 

Il faut aussi dédramatiser et relativiser ce que vous disent vos proches. Un bébé qui fait ses nuits dès le premier jour et ne pleure jamais, ce n’est pas la norme. Certains enfants ne pleurent que 20 à 30 minutes par jour, d’autres jusqu’à 5-6 heures. Cela ne doit pas vous culpabiliser, tous les enfants sont simplement différents. Ils privilégient parfois un comportement d’attachement à un autre. Certains tètent par exemple plus que d’autres. D’abord le sein de leur mère, puis leur pouce ou une tétine au moment du sevrage et du passage en crèche. La succion est alors auto-rassurante. 

Comment identifier les causes des pleurs ?

 En raison de leur vécu, certains parents ressentent une très grande angoisse en entendant pleurer leur bébé et ne savent plus comment réagir. Les pleurs sont pourtant un moyen de communication, votre bébé ne souffre pas, il n’a pas mal. Certains bébés pleurent longtemps sans raison identifiable. Il appartient à chaque parent de faire connaissance avec son enfant et d’interpréter ces signaux au fil des semaines pour y répondre de manière adaptée. Il n’existe pas de code universel pour décrypter les pleurs. 

Chaque enfant est différent et les pleurs varient d’un enfant à l’autre. À mesure que la relation se construit, vous allez comprendre les pleurs de votre bébé. Certains pleurs, comme les hurlements, sont déstabilisants. Même s’ils sont anxiogènes pour les parents, ils n’expriment pas un profond mal-être. Par le passé, on a souvent parlé de coliques du nourrisson, mais nous savons aujourd’hui que les bébés n’ont pas de coliques qui provoquent des pleurs. Les professionnels ne parlent plus de coliques, mais écoutent les parents, car ce sont eux qui connaissent le mieux leur enfant, pour voir si la réponse du parent aux pleurs est à ajuster ou non. 

Pourquoi les bébés pleurent-ils différemment ?

Un bébé est un individu à part entière. Il a son tempérament, et tous les individus sont différents et s’expriment différemment. Certains bébés pleurent plus que d’autres : les premiers bébés, ceux nés par césarienne, ceux dont les parents ont vécu des choses anxiogènes pendant la grossesse... Un enfant en bonne santé qui ne pleure pas, c’est très rare, mais ce peut être lié à une tolérance différente de la part des parents.  Si vous êtes tendu et angoissé, vous exacerbez les pleurs, tandis que si vous êtes détendu et que vous prenez du recul, vous apaisez plus facilement votre enfant. C’est pourquoi il est parfois utile de passer le relai à un coparent. Les enfants sont des éponges et ressentent vos émotions. L’alimentation intervient très peu dans les pleurs. Si la courbe de croissance est satisfaisante, évitez de vous perdre dans des changements de lait. Les pleurs sont physiologiques et normaux.  

Quels sont les éléments qui rassurent ? 

Une belle courbe de poids rassure immédiatement les médecins. En arrivant en consultation, certains parents sont épuisés et dans une spirale négative, ils n’en peuvent plus. Mais si le bébé se calme dans les bras, que l’examen médical est normal et qu’avec le temps les pleurs se calment, c’est rassurant.  

Comment accompagner un bébé qui pleure ? 

Il est essentiel de vous adapter au rythme de votre bébé, sans pour autant rentrer dans l’excès. Les parents doivent continuer à mener une vie normale en sachant qu’ils accompagnent un petit être au plus proche de ses besoins. Tout est une question d’ajustement. Les surstimulations excessives peuvent vraiment perturber un bébé, par exemple une télévision allumée en continu ou une visite au centre commercial suivie d’un repas chez des amis. Mettez des mots sur ce qui s’est passé dans la journée et sur ce que votre bébé vous raconte par ses pleurs. Dans les premières semaines de vie, un bébé n’a pas besoin d’une vie sociale très riche. L’important, c’est son cercle familial proche. Évitez de l’emmener dans des endroits animés où circulent les virus. 

Au-delà de nourrir votre bébé, changer sa couche et le bercer, vous pouvez faire d’autres choses pour l’accompagner : le porter peau à peau, chanter, parler, écouter de la musique, le masser, faire une promenade... Chaque parent trouve ce qui lui convient. Il existe aussi des manières de porter un bébé pour mieux vous ajuster à lui. L’enroulement est très important, car votre bébé retrouve sa posture in-utéro rassurante.  

 Un portage classique consiste à l’allonger dans vos bras, en regroupant ses bras pour qu’il puisse éventuellement porter ses mains à sa bouche et en maintenant l’enroulement au niveau du bassin avec une main sous les fesses. Votre bébé peut alors se déposer dans vos bras et se détendre. Dans cette position, vous pouvez le regarder, lui parler, le bercer doucement... Une autre posture est verticale, en soutenant la tête d’une main et le bassin de l’autre. C’est un contact très proche, un peu comme un peau à peau. Une troisième posture consiste à porter votre bébé bien contre vous sur l’avant-bras, la main sous le ventre, en le contenant bien. Évitez aussi de changer trop vite de posture.  

Les écharpes de portage peuvent aider, mais l’installation dans l’écharpe doit se faire en toute sécurité, en dégageant bien le visage de votre bébé. Il en va de même pour l’endroit où vous le mettez pour dormir : sur un plan dur, toujours sur le dos et en éloignant de lui tout ce qui est susceptible de gêner sa respiration. 

Que faire en cas de pleurs persistants, irritants et insupportables ? 

Si vous êtes inquiet, épuisé, stressé, que vous avez tout essayé, il est nécessaire de déléguer et demander de l’aide à la famille proche. Le risque primordial est la réaction parentale quand un partent se laisse dépasser par la situation. Il peut être amené à se montrer brutal. Ne croyez pas non plus que tous les parents risquent de maltraiter leur enfant sous le coup de l’épuisement ou de la colère. 

Si vous vous sentez dépassé, mieux vaut laisser pleurer votre bébé à plat dos dans son lit et aller chercher de l’aide, voire vous aérer et crier un bon coup pour relâcher la pression. Laisser pleurer un bébé n’engendre aucun risque physique ou organique. Il ne peut pas s’étouffer avec ses pleurs. Il risque simplement de ne pas trouver la réponse qu’il attend. Votre bébé peut finir par s’apaiser seul dans un environnement calme et sécurisé. Verbalisez par après vos émotions, expliquez-lui que la journée a été difficile. Si cette situation se répète régulièrement, demandez de l’aide en consultant un centre PMI, une sage-femme ou un pédiatre. 

Quand consulter votre pédiatre ou votre médecin ? 

Si vous êtes inquiet, mieux vaut consulter, mais pas aux urgences. Elles sont souvent surchargées et des nids à microbes, a fortiori pour les tout-petits. Vous constatez un changement de comportement (nous ne parlons pas d’un changement dans les pleurs), comme des cris en mangeant, des selles liquides, l’impossibilité de l’apaiser dans les bras, une perte de poids ? Dans ce cas, allez voir votre médecin traitant ou votre pédiatre pour être rassuré. Il échangera avec vous et analysera la courbe de croissance de votre enfant. Un bébé qui grandit et grossit bien n’a généralement pas de problème de santé majeur. 

Conclusions : importance de l’information 

L’information des parents est essentielle en ce qui concerne les pleurs du nourrisson. Ils doivent s’affranchir des idées reçues. Il existe quelques outils, notamment les acronymes de PLEURS :  

  • Pic de croissance et Patience des parents 

  • Longtemps et Lien parent-enfant 

  • Expression et Émotion 

  • hurlements et Usant 

  • Résistant et Relais 

  • Soir et Soutien 

Retenez que cette période particulière concerne presque tous les bébés et qu’elle ne dure pas. C’est un cap éprouvant à passer, durant lequel les parents doivent être accompagnés et soutenus. Il existe des façons de répondre aux pleurs et de traverser cette période formidable mais fatigante. 

Tout savoir sur les pleurs du nourrisson

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